Le Pentagramme sacré
י ה ש ו ה
Ecrivant aux chrétiens de la ville de Philippes, Paul proclame que le Christ s’est anéanti en subissant, par obéissance, l’infamant supplice de la Croix, et : « c’est pourquoi Dieu l’a souverainement exalté et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au Nom de JESUS tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue proclame que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père ! » (Ph 2, 7 à 11). Le Nouveau Testament ne cesse d’insister sur le Nom de Jésus. Ainsi (Ac 2, 38) « …et que chacun de vous se fasse baptiser au Nom de Jésus Christ… » ; (Ac 8, 12) « … la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu et du Nom de Jésus Christ… » ; (Ac 10, 48) « Et il ordonna de les baptiser au Nom de Jésus Christ ».
Pour l’apôtre, le Christ paraît avoir deux noms : celui qu’il portait durant sa vie terrestre et celui qu’il possédait de toute éternité, manifesté lors de sa glorification.
Quand l’ange de Dieu ordonne à Joseph, le charpentier de Nazareth, d’appeler « Jésus » le fils que Marie son épouse mettra bientôt au monde, il explique : « Car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mat 1, 21). En hébreu biblique, Jésus se dit « Yéshoua », יהשוע nom formé sur la racine ישע qui signifie : sauver, salut, délivrance. Il est très courant chez les hébreux d’alors. Le plus connu est Josué, en hébreu « Yehôshoua » : יהושע qui est construit sur la même racine. יהושע est présent 218 fois dans le texte hébreu.
Josué, au sortir des années d’errance dans le désert, fera entrer les hébreux en Terre promise. C’est pourquoi, selon la tradition chrétienne, il est appelé « le premier Jésus », car – en faisant entrer le peuple de Dieu dans le Royaume des Cieux – Jésus achèvera en quelque sorte la mission de Josué ; ce qui fait de Jésus, le fils de Marie, un « second Josué » ou le « Josué achevé ». Or nous savons qu’en hébreu, l’achèvement est indiqué par le déplacement de la lettre Wav vers la fin du mot, selon les précisions apportées par J-G. Bardet. Si le premier Josué conquiert la terre « terreuse », le second, Jésus, conquiert la Terre « célestielle » comme disaient les hommes du Moyen-âge. Sa graphie devrait normalement être :
י ה ש ו ע
C’est une conjecture car cette graphie n’est pas documentée dans la Bible hébraïque, mais annoncée en deux passages (Dt 3, 21 et Jg 2,7) par une anomalie graphique dans le nom de Josué, écrit avec deux Wav : יהושוע. Josué (יהוה-est-salut) y apparaît à la fois comme le conducteur du peuple hébreu, et le signe prophétique du Messie à venir, à la manière du Rocher auquel les hébreux avaient bu au désert, qui était aussi l’image du Dieu Sauveur. Saint Paul dira même : « c’était le Christ » en (1 Co 10,4).
Observons que dans la Bible et la tradition juive, l’expression hébraïque « hashem » השם, c’est-à-dire « le Nom » n’est employée que pour יהוה, le Nom propre de Dieu, révélé à Moïse. C’est là le seul et unique Nom strictement au-dessus de tout nom. Si donc Jésus ressuscité a reçu « le Nom au-dessus de tout nom », cela veut dire qu’il a reçu le Nom propre יהוה et que ces quatre lettres doivent obligatoirement se retrouver en son Nom nouveau. (Isaïe 62, 2 et 65, 15 ainsi qu’Ap 2, 17).
En insérant au cœur du Tétragramme sacré, la lettre Shin : ש symbolisant la nature humaine du Christ, assumée par le Verbe sur terre, nous avons :
י ה ש ו ע
Jésus sur terre
י ה ש ו ה
Jésus glorifié
Nous constatons que la lettre : chA Y N : ע qui désigne « l’œil », est bien présente dans le Nom de Jésus sur terre. Cela nous permet de dire que le Verbe incarné, grâce à son corps conçu du Saint Esprit et né de la Vierge Marie, fut l’image visible sur terre du Dieu invisible (Col 1, 15). Par contre, cette lettre a disparu dans le Nom de Jésus glorifié. En effet, Jésus glorifié lors de sa Résurrection, va disparaître aux yeux de ses disciples le jour de l’Ascension. C’est saint Luc qui le souligne : « Sous leurs yeux, il s’éleva et une nuée vint le soustraire à leurs regards ». Jésus devait disparaître aux yeux des siens avant d’envoyer son Esprit (Lc 21, 51), Souffle d’amour : « Si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas ; au contraire, si je pars, je vous l’enverrai » (Jn 16, 7).
Pour conclure, il est à remarquer que la valeur numérique du Nom de Jésus glorifié (47) et celle de la conjecture du Nom terrestre de Jésus (58) sont en étroite relation.
Le texte hébreu en contient plusieurs échos numériques dont certains ont été relevés par Jean-Gaston Bardet dans son livre : Le Trésor sacré d‘Ishraël ».